La fameuse Tour Rose du Vieux-Lyon !
Quel lyonnais ou visiteur de Lyon n’a pas déjà entendu parler de la fameuse Tour Rose de la rue du Bœuf du Vieux-Lyon, qui présente le plus de traboules et de cours intérieurs de la ville, très représentatives de l’architecture de la Renaissance à Lyon.
Dans le 5e arrondissement, au cœur du quartier Saint-Jean, au 16 rue du Bœuf, se trouve une demeure, appelée la Maison du Crible, ou la maison de la Tour Rose.
Parmi ses plus belles constructions, la maison de la Tour Rose est un des emblèmes du Vieux-Lyon et un des endroits les plus visités du quartier Saint-Jean. Elle est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1937.
Architecture de la maison de la Tour Rose
La maison comprend quatre niveaux et trois travées. Sa façade donnant sur la rue est en apparence assez classique et ne laisse rien présager de ce que cette bâtisse renferme…
Elle possède en revanche une entrée centrale pourvue d’un portail remarquable, unique dans le quartier, avec ses bossages et ses colonnes annelées (colonnes ornées d’anneaux en relief).
Surmonté d’un fronton triangulaire orné d’un bas-relief représentant une adoration, il est construit sur les plans de l’architecte bolognais Sebastiano Serlio, qui fait plusieurs séjours à Lyon au 16e siècle entre 1548 et 1552. Une porte en bois à panneaux sculptés est également assez visible. A titre de comparaison, les autres maisons de Saint-Jean n’ont en général que des portes d’entrée étroites et modestes.
Une fois passé cette entrée centrale, on entre dans une allée voûtée d’ogives (qui repose sur des culs-de-lampe sculptés) menant à une petite cour intérieure très dégagée.
Nous voici maintenant dans la cour…
Cette demeure doit à ses propriétaires du 17e siècle son apparence inhabituelle. Si à l’extérieur, hormis le portail, on ne trouve aucun signe d’une richesse particulière, à l’intérieur de la petite cour, c’est tout autre chose…une fois tout au bout de celle-ci, il suffit de se retourner pour voir une immense, monumentale et superbe tour circulaire, au crépi de couleur rose.
Totalement invisible depuis l’extérieur, elle abrite un gigantesque escalier-belvédère en vis et est percée de baies en plein cintre qui font office de fenêtres. Un puits est également visible au fond à droite de la cour, tout comme des terrasses ou jardins qui s’étalent sur plusieurs étages. Les fenêtres de la Tour Rose offre une vue sur ces jardins.
Cette construction « hors-oeuvre » domine largement l’ensemble de la maison et de la cour intérieure. Un crénelage est ajouté à l’édifice d’origine à l’occasion de travaux « d’embellissement » au 19e siècle. Le crénelage est retiré dans les années 1930 (sur les cartes postales de l’époque le crénelage n’apparaît plus).
La maison de la Tour Rose doit naturellement son nom à cette magnifique tour et à la couleur de son crépi, qui l’enrobe et qui s’élève dans la cour. Selon les sources, ce crépi est mis en place après une ultime restauration en 1975. L’expression de Tour Rose daterait donc de cette époque.
Les archives attestent d’un intérieur très richement décoré. Des fresques sont d’ailleurs mises au jour en 1978 : elles sont disposées sous la forme d’une frise au sommet des murs au sein de deux pièces et représentent des scènes de divertissement et des représentations mythologiques. Il existe également encore une salle d’armes.
Les travaux d’édification semblent débuter à la fin du 15e siècle pour se finir au début du 18e siècle, une époque où ce que l’on appelle aujourd’hui le Vieux-Lyon était occupé par beaucoup de marchants italiens.
Histoire
Le plus célèbre résident est le roi Henri IV, qui y demeure plusieurs jours en 1600 lors de son alliance avec Marie de Médicis, célébrée à Primatiale Saint-Jean de Lyon. Entre le 16e et le 17e siècle, cette maison est successivement la propriété de plusieurs notables de Lyon.
C’est aussi et surtout au 16e siècle (dès 1541) l’ancienne maison de Martin de Troyes, percepteur des impôts du roi de France, appelé à l’époque « le crible ». Il passait en effet au crible (tamis permettant de trier les objets selon leur taille) les finances des mauvais payeurs. Martin de Troyes est receveur général des finances à Lyon de 1544 à 1555; il est conseiller de ville en 1539 puis échevin en 1545. Il est ainsi un personnage important pour la ville. Martin de Troyes aurait d’ailleurs eu un impact majeur dans la reconstruction de l’édifice vers 1550.
Si ce nom de Maison du Crible alimente toutes sortes d’interprétations, on peut imaginer que c’est pour cette raison que cette maison a pris et porte toujours cette appelation.
Pourquoi une telle construction dans une cour intérieure, invisible pour toute personne ne connaissant pas son existence ou ne pouvant à l’époque pénétrer dans cette demeure ?
Du temps des anciennes foires à Lyon au 15e et 16e siècles (mises en place pour concurrencer les autres événements déjà installées en Europe et faire de la ville une plaque tournante du commerce à l’époque), il y a énormément de passage et de monde qui circule à Lyon. Ces moments sont d’ailleurs privilégiés par certaines personnes pour propager des idées hérétiques et contre le pouvoir en place. A cette époque, les lyonnais les plus fortunés souhaitent éviter toute cette foule et ce vacarme et ont donc voulu se retrouver “entre-soi”. Ils deviennent alors très secrets, discrets et fréquentent uniquement des gens faisant partie de leur microcosme.
On retrouve ce trait de caractère dans les maisons lyonnaises de l’époque. Aucune signe de puissance n’est visible de l’extérieur, si ce n’est de très légers signes de richesse; au contraire de l’intérieur, bien plus évocateur. Finalement, cette maison de la Tour Rose peut être considérée comme une caricature de ce phénomène ! Sa façade extérieure est assez peu marquante, pas très jolie, peu colorée, elle n’attire pas l’œil (hormis son portail); tout au contraire de l’intérieur !
De plus, si ce n’est pour abriter un gigantesque escalier desservant les différents étages de la maison, cette Tour Rose ne sert à rien d’autre, à l’époque de sa construction, qu’à être un signe extérieur de richesse ! Le propriétaire a en effet fait bâtir cette tour dans l’unique but d’asseoir son statut social et de montrer sa puissance et sa richesse à ses visiteurs…avec un tel résultat et une telle hauteur de tour, l’effet était garanti !
Enfin, si à l’époque les lyonnais les plus fortunés ne souhaitent donc pas faire état de leur richesse en dehors d’un cercle restreint, cette maison est (comme expliqué plus haut) le logement du percepteur des impôts…on comprend encore mieux la volonté de cacher tout signe de richesse !
L’ensemble de ces éléments expliquent donc pourquoi c’est à l’intérieur de cette demeure qu’est dévoilé ce trésor architectural, et non l’extérieur, plutôt commun et qui ne laisse aucunement imaginer cette construction monumentale !
Totalement invisible de l’extérieur, cette immense Tour Rose est la plus haute construction du quartier Saint-Jean. Elle reçoit chaque année des milliers de visiteurs et bénéficie largement au rayonnement et à l’attractivité du Vieux-Lyon et de ses traboules. C’est un repère patrimonial de du quartier Saint-Jean.
Légendes sur la dénomination de l’édifice
Selon une légende du 19e siècle, le nom de Tour Rose tient à un événement tragique : une jeune femme désespérée, qui refusait l’homme que son père avait choisi pour elle, se jeta dans le vide du sommet de la tour. Le sang éclaboussé entacha les parois et donna à celle-ci sa couleur actuelle.
Il se peut également que l’expression de Maison du Crible vienne d’une enseigne d’un artisan ayant jadis occupé les lieux. Le crible était alors utilisé par de très nombreux et variés corps de métiers. Un artisan a ainsi pu édifié un crible sur sa façade comme symbole de son activité; la population aurait alors commencé à identifier ce lieu en utilisant le terme « Maison du Crible ».
Vue Panoramique 360°
Cliquez sur l’image ci-dessus pour accéder à une vue panoramique de la cour et de la Tour Rose !
Accès à la Tour Rose
Il est possible d’accéder à la maison de la Tour Rose en empruntant les transports en communs lyonnais :
- Métro ligne D | Station « Vieux-Lyon »;
- Bus ligne C20 | Arrêt station « Vieux-Lyon »;
- Bus ligne 19 | Arrêt station « Saint-Paul »;
- Bus ligne S1 | Arrêt station « Saint-Paul »;
- Bus ligne 27 | Arrêt station « Vieux-Lyon »;
- Bus ligne 31 | Arrêt station « Romain-Rolland ».
Sources
Lyon Insolite | Balades à lyon et visites insolites
Pour vos balades à Lyon, Eloïse Boisroux et Jean-Luc Chavent, conteurs de rues, vous font découvrir un Lyon insolite, méconnu et mystérieux.
www.lyon-rvl.com
www.guichetdusavoir.org
2001.jres.org
www.vieux-lyon.org
www.lyon-france.net
numelyo.bm-lyon.fr
magnifique!!!!
Merci beaucoup pour ce commentaire ! 🙂
Merci pour tes articles et tes bons conseils ! A bientot, bises !
M’interessant particulierement au sujet, je vous remercie pour ces excellentes infos ! Bonne continuation
Merci beaucoup ! A bientôt sur le blog !
Un grand merci pour cet article très clair !! Belle journée