Un personnage et une statue qui renferment quelques mystères !
L’homme de la roche
Qui n’a jamais remarqué dans le 5e arrondissement de Lyon, quai Pierre Scize (au numéro 61), sur la rive droite de la Saône, un rocher au pied duquel on croise une petite grotte, dans laquelle se dresse un homme en pierre ? Cette représentation située en contre bas du rocher de Pierre-Scize, intitulée « l’Homme de la Roche » est en réalité, comme l’indique la plaque accompagnant l’œuvre, une statue de Jean Kleberger. Cette réalisation renferme de nombreux mystères…
C’est le 11 août 1842 qu’une délibération du conseil municipal de Lyon déclare de façon officielle « l’Homme de la Roche » comme étant Jean Kleberger, ce « bon allemand » imprégné dans les mémoires lyonnaises.
Que sait-on du « bon allemand » ?
Et bien, on ne connaît pas grand chose, si ce n’est des fragments de son histoire.
Tout d’abord, selon les sources, ce personnage apparaît sous différents noms :
- Johan,
- Johannes,
- Hans,
- Jean Kleberger, Kleeberger, Cleberge ou Cleberg !
Marchand allemand philanthrope et bienfaiteur, il est né le 6 février 1485 à Nuremberg et mort le 6 septembre 1546 à Lyon. Il est pleinement rattaché à l’histoire de la ville de Lyon.
Mais pourquoi cet homme qui selon les dires, était un richissime notable de Berne et de Genève et qui venait de se marier, est-il venu s’installer à Lyon ? Sa vie reste en partie mystérieuse…
Lyon, grâce notamment à sa situation géographique, est au 16e siècle un très grand centre du commerce européen. La ville est également la capitale de l’édition en Europe. Enfin, elle possède une faculté de médecine mondialement reconnue. Les allemands sont ainsi bien implantés à Lyon, et parmi eux J.Kleberger.
Jean Kleberger est également actif à Berne, où on trouve ses traces dès 1509 et bien plus tard. Il avait aussi l’habitude de fréquenter Genève, allant jusqu’à y acheter une maison en 1539. Marié en 1528, J.Kleberger perd son épouse en 1530 dans des circonstances troubles. Ce drame l’aurait-il précipité vers Lyon?
Jean Kleberger à Lyon
Il est certain que celui-ci est présent en 1531, année de la « la grande cherté ». A son arrivée, il travaille pour la maison Imhoff de Nuremberg, puis fondera, selon la légende, le premier plus grand institut bancaire de la ville.
Cette année là, la misère est alors si forte que le clergé appelle la ville à venir en aide aux pauvres. Pour ne rien arranger, une épidémie de peste se déclare; les conseillers de la ville lancent alors une souscription pour l’Hôtel-Dieu pour aider les « pauvres » et les enfants malheureux. Réputé pour être généreux envers les institutions hospitalières des villes qu’il fréquente (notamment Genève et son hôpital), J.Kleberger ne déroge pas à la règle et s’inscrit sur la première ligne de la souscription avec une participation de 500 livres (une somme énorme à l’époque) sous le pseudonyme « un marchant allemand ». Le surnom de « bon allemand » ne le quittera plus. Jean Kleberger, drapier et banquier à Lyon, prête aux rois (dès 1522, à François Ier), donne aux pauvres et se forge une belle réputation. Il est également l’un des premiers administrateurs de l’Aumône générale; il léguera à sa mort pas moins de quatre mille livres.
Il est nommé conseiller de la ville de Lyon le 11 décembre 1545 et y meurt le 6 septembre de l’année suivante.
Statues et architecture
L’homme ne tombe pas dans l’oubli et immédiatement, des statues de bois le représentant sont érigées roche de Bourgneuf (actuel quai Pierre-Scize) et rappellent sa bonté. Plusieurs constructions de bois seront ainsi édifiées au 16e et 17e siècles. Puis en 1842, une souscription pour l’honorer dignement est lancée par le conseil municipal de la ville : un sculpteur travaillant Quai Pierre Scize sera chargé de façonner la statut en « pierre de Cruas ».
Celle-ci se trouve juste en-dessous d’un renfoncement du quai Pierre-Scize, qui n’est pas constructible à cause de la présence de roches en granite. Une pelouse, quelques buissons, un grand marronnier et quelques arbustes proposent un décor fait de verdure au « bon Allemand ».
Jean Kleberger y figure avec une bourse à la main, en gentilhomme du temps de François 1er; celui-ci ayant été son « valet de chambre ordinaire ». La statut est inaugurée le 16 septembre 1849.
C’est ainsi que « l’Homme de la Roche », aussi appelé « bon Allemand » reste gravé dans les mémoires lyonnaises. Bien que personne ne soit réellement certain de son identité, le personnage aura suscité au fil des siècles (et suscite encore) mystères et ferveur populaire.
Le saviez-vous ?
La mémoire de Jean Kleberger est également honorée par la rue Cleberg, présente dans le 5e arrondissement de Lyon, sur la colline de Fourvière.
Sources
ruesdelyon.monsiteperso.net
Allemagne.diplo.de
Lesruesdelyon.hautetfort.com
Wikipédia
Visites-p.net
spot-web.fr
Merci à l’auteur de ce blog, très intéressant de connaître l’histoire de cet homme de la Roche dit le bon Allemand
Merci pour ce commentaire très enthousiaste ! 🙂
Dans sa main droite le »bon allemand » tient une bourse qui renfermerait quelques pièces d’or, dit-on.
Natif d’Allemagne, il aurait fui sa famille qui n’en voulait qu’à son argent; voyageant à Lyon, il trouva la ville si agréable qu’il décidât d’y rester.
Tout ça n’est que légende…